MES POEMES

Poèmes écrits en 2006/2007/2008



J'aurais pu mettre un titre 
A ces mots
Mes poèmes
Mais un seul, un seul titre
Serait toujours le même
Et ce mot,
Sans sous-titre, 
Il est beau
C'est : je t'aime.
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J'ai le goût pour longtemps
Gravé au fond du cœur
Des blondes mirabelles
Cueillies très loin, ailleurs.

J'ai le goût pour longtemps
Gravé dans ma mémoire
Des rires et des crécelles
Entendus loin, ailleurs.

Ils chantent pour longtemps
Gravés comme au marteau.
Ma vie était moins belle
Vécue dans cet ailleurs.

Je mange ici des mirabelles
Sans goût et sans couleur.
Mes rires comme crécelles
Sonnent ici comme des pleurs.

Ici. Là-bas. Le goût des mirabelles
Un beau jour, une telle heure,
Ta naissance me rappelle
Mais toi, tu vis ailleurs.

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Ecrire
Ecrire encore
Ecrire pour oublier
Pour oublier ta mort
Ecrire
Ecrire en vain
Ecrire
Pour oublier, enfin !
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Il est là dans son lit
Allongé et fragile.
Je suis là près du lit
Fatiguée. Immobile.
Mon fils meurt cette nuit.
Je suis là. Inutile.
Pourquoi vivre sans lui ?
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J'aime le parfum de la nuit,
Du brouillard en automne.
Au loin j'entends des cris :
C'est un chien quelque part.
Novembre est là. Si triste.
Et longtemps je frissonne
Je marche seule dans le jardin.
La pluie sans bruit
Inonde mes yeux éteints.
Je cherche les bords de l'eau.
Comme elle sera froide sur ma peau
A l'heure du dernier bain.
J'aime le parfum de la nuit,
Du brouillard en automne.
Il me dit que je vis
Et qu'il n'est pas trop tard.


Avril est là. Si vite.
Je marche seule dans le jardin. 
Le soleil s'est enfuit.
Et longtemps je m'étonne
Car brûlent mes yeux éteints.
Je quitte les bords de l'eau.
Comme elle serait douce sur ma peau
La chaleur de ta main.
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Je suis là, je t'attends

Tu es parti là-bas
Pour un voyage étrange
Dans un pays lointain
Où nul ne peut t'atteindre
Seul, dans un monde sauvage
Où le soleil éteint
Te fascine à te peindre
D'uniques paysages

Je suis là, je t'attends

Et je te vois partir
Dans un voyage fou
Pour un monde incertain
Où nul ne peut survivre
Seul, dans l'immensité
Où le soleil enfin
Te dira qu'il faut vivre
Dans la réalité

Je suis, je t'attends

Je te vois revenir
Les mains nues, sans bagage,
Dans un éclat de rire
Et nul ne peut comprendre.
Seule dans l'adversité
De ce qu'il y a de pire,
Je suis là à t'attendre.
Je suis là en partage.
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Le lion gisait, blessé
Mais il n'était pas mort.
Il écoutait son cœur
Et il calmait sa peur.
Le vent soufflait trop fort
Sur son corps meurtri
Et le sable sur ses yeux
Posait un voile gris.
Oh ! Lion, soit courageux
Et d'un suprême effort, 
Lève toi et demain, oui,
Demain, tu voudras vivre encore.
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(écrit en 2001 à l'entrée de Matthieu à l'hôpital Paul Guiraud à Villejuif, et complété en 2005)

Il n'avait pas vingt ans
Déjà il était mort
Et j'ai vu sa maman
S'éteindre après sa mort.
Aujourd'hui c'est mon tour
Mais je ne tomberai pas.
Plus fort sera l'amour.
Je me battrai pour toi.
Je te tiendrai la main
Te garderai en vie
Et tu verras un jour
Et ce sera demain
Tu ne regretteras pas
D'avoir choisi la vie                                 C'était il y a cent ans

Et je t'ai vu mourir

Et comment maintenant

Avoir d'autre désir :

Retrouver mon enfant

Qui a voulu mourir.

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Tu te diras peut-être
C'est toujours le même thème,
Le même nom qui revient.
Je te comprends lecteur
Mais soit patient quand même :
Son nom, c'était le mien.
C'est mon fils qui est mort !
La blessure est profonde
Et saigne trop encore.
Elle guérira peut-être.
En écrivant mes maux
Au fil du temps qui passe, 
La douleur  s'il le faut,
A la joie, aux sourires,
Cédera enfin la place.
Je n'ose pas dire Bonheur.
C'est trop prématuré.
Mais donne moi du temps
Et prends un peu patience.
Il n'est pas encore l'heure
De quitter ma souffrance
Et de crier au monde,
Sans pleurer, sans frémir :
Parlons plutôt de moi, 
De fleurs et de banalités.

Mon fils ? oui, oui ça va :
Il vient juste de partir...

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Tu ne l'as jamais vu
Mon fils ?
Tu n'es jamais resté
Pour voir et regarder
Mon fils.
Il vient souvent le soir
Quand tu es reparti.
Mais aujourd'hui
Dimanche
Il veut rester aussi.
Alors, regarde-le
Mon fils,
Assis près du miroir.
Il est ton vis-à-vis.
Alors, écoute-le
Mon fils
Car aujourd'hui
Dimanche
Il va rester ici.
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C'est ton anniversaire
Et ce soir c'est la fête.
Trente ans, que veux-tu
ça bouscule ma tête !

Je cuirai des œufs durs,
Des rôtis, des gâteaux.
Je peindrai ma figure,
Donnerai des bonbons.
On boira l'apéro :
Ce sera punch maison !

C'était un bel anniversaire.
C'est bien dommage,
Tu n'es pas v'nu.
C'était peut-être sage
Car longtemps il a plu
Dans les yeux tristes de ta mère.

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J'irai comme c'est étrange
Courir sur les chemins
Accompagné d'un ange
Qui me tiendra la main.

J'irai comme c'est cruel
Dormir dans un fossé.
Alors vous direz d'elle :
Son chagrin l'a tuée !

Je dormirai là-haut
A côté de mon ange. 
Plus rien ne nous dérange
La vie là-haut, c'est beau !

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Je lis dans les nuages
Comme tu lis dans un livre.
Je comprends des messages
Qui me disent de vivre.
Ils me montrent des images
Que tu ne peux pas voir.
Ils me disent d'être sage,
On ne peut tout avoir.
Ils me disent de marcher,
De courir sur la plage.
Ils disent "tu iras mieux"....

Ils me disent, les gens sages,
D'arrêter de rêver,
Ce n'est plus de mon âge.
Comme ils sont ennuyeux !

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Ma vie est un navire
Sur la mer,
Bousculé.
Et les voiles baissées
Laissent souffler le vent
Pour éviter le pire.
Et pourtant...

Les voiles
Mouillées
Cette fois se déchirent
Emportées par le vent.
Et la mer
Agitée
Voudrait le retenir.
Mais sous les étoiles
Coule le navire
Brisé par le vent.
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Je rêve tout éveillée.
Je rêve que tu es là.
C'est le bonheur tranquille :
Pouvoir entendre ta voix.
Je suis tout éveillée
Je sais : tu n'es plus là.
C'est un rêve imbécile :
Vouloir entendre ta voix.
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