lundi 8 avril 2013

La suite de AU REVOIR MA PETITE MAMAN est en cours de finalisation et la parution est prévue pour fin mai ou début juin.

Pour vous en voici un petit extrait...


Le lendemain matin, réveillée tôt, je profite de la relative fraîcheur du lever du jour. La luminosité et le bruit me surprennent. Puis très vite c'est la chaleur... 

Après le petit-déjeuner, nous prenons la route pour Souza. Je découvre ce que la nuit, hier, m'avait caché, l'état des rues, des bâtiments, l'entassement des habitations, les ruelles étroites. Et je fais connaissance avec LE rond-point. Qui n'a pas traversé ce rond-point à Douala ne sait pas ce que c'est que la circulation. Je finirai par m'y habituer, par m'habituer aux motos-taxis, aux invectives entre chauffeurs comme aux coups de klaxon. Je finirai par comprendre que la règle en matière de code de la route ici, c'est ‟le premier qui passe a raison !ˮ Je ne me soucierai plus des bouchons interminables et des dizaines de piétons qui traversent dans tous les sens insouciants du flot des voitures ni des motos qui font demi-tour ou empruntent les trottoirs pour aller plus vite. Ici, point de passages pour piétons (enfin, point de respect des passages...), point de feux de circulation (il doit y en avoir un ou deux,  mais que personne pratiquement ne respecte, d'ailleurs souvent ils ne fonctionnent pas). Je ne m'étonnerai plus des rues coupées, apercevant au loin des tentes installées au beau milieu, des dizaines de chaises alignées soigneusement en-dessous : c'est qu'il y a un mariage ou  un deuil tout à l'heure...

Vient ensuite le pont sur le Wouri ! Puis Bonabéri. Autres aventures si vous ne calculez pas bien l'heure de votre voyage... Mais ce matin, tout va bien, pas de bouchon et surtout... pas d'accident... J'aperçois vaguement les échoppes, les marchés. Mais surtout j'ai chaud, tellement chaud. Et le bruit est assourdissant. Nous traversons sans doute maintenant les derniers faubourgs de Douala, avec de grands murs d'entreprises, des marchés, des échoppes et du monde, du monde partout. Le commerce est omniprésent dans les ‟boutiquesˮ comme sur les trottoirs où des tonnes et des tonnes de marchandises jonchent le sol à proximité des cabanes où cuisent d'énormes morceaux de viande... Plus loin, à peine sortis de la ville, ce sont de grands troupeaux de bœufs efflanquées qui déambulent conduits par un seul homme la plupart du temps. Nous passons enfin le barrage policier et il faudra s'habituer à ces ‟ douanes ˮ  et à d'autres péages sur certaines portions de route. Je m'habituerai à ces passages où des dizaines de vendeurs à la sauvette, s'accrochant presque aux voitures  proposent arachides grillées, mangues ou ananas épluchés, pain de mie, bananes séchées ou autres ‟bâton, bâton, les bons bâtonsˮ... Il s'agit des bâtons de manioc au goût duquel par contre, je ne m'habituerai jamais.

Enfin, nous roulons vraiment et la vitre ouverte amène un peu de ventilation à défaut de fraîcheur. J'occupe au début de mon séjour au collège, une ‟ chambre ˮ très rudimentaire et j'ai très peur les premières nuits, de ne pas pouvoir tenir si je dois passer tout mon séjour ici. J'ai même très peur tout court en raison des cafards et autres bestioles qui s'égaient sur le sol en béton, et grimpent peut-être sur le lit malgré la moustiquaire. Sur le toit en tôle, d'autres bestioles (énormes à coup sûr !) m'empêchent de dormir. Ce ne sont que de petits lézards, très drôles, de toutes les couleurs. Je reprendrai ensuite, fort heureusement, l'une des chambres laissées libres par le groupe qui repartira avant moi comme prévu.

Le lendemain matin nous sommes emmenées par Ernest, un ami de Léopoldine, jusqu'à Bonaléa. Quelqu'un dira dans la voiture ‟il faut choisir, ou nous laissons les vitres fermées et nous mourrons étouffées ou bien nous les laissons ouvertes...ˮ J'ai demandé de l'air. Elles sont restées ouvertes et nous sommes arrivées, repeintes en rouge. Nous étions comme au bout du monde, après un trajet long et interminable sur une piste de terre poussiéreuse.

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