SEJOUR CAMEROUN MARS 2019

25/03/19

Me voilà rentrée de ce séjour depuis un peu plus d'une semaine et il est urgent que je vous en fasse un compte rendu. Tellement de synchronicités, tellement de mouvements aussi que je veux vous en faire part.

Tout à commencer en janvier/février par une impression de ne plus avancer (je n'irai pas jusqu'à dire que je déprimais mais je n'en étais surement pas loin...). Certes je commençais à digérer ma séparation survenue en septembre 2018 mais des difficultés demeurant ou s'ajoutant, je ressens une grande lassitude. Marre de tout... envie de partir. Mais comme souvent (toujours ?) la situation financière à laquelle je dois faire face me fait penser que je devrai attendre encore bien longtemps.

Des amies s'inquiètent de mon état et comprennent que seul un voyage au Cameroun et l'action pour l'association me feront du bien. La solidarité opère encore une fois. 

Isabelle et Chantal me prêteront l'argent nécessaire à l'achat du billet, à mes frais sur place ainsi qu'à mes charges ici et mieux encore Chantal veut m'accompagner ! Cécile me propose de gérer mes appels téléphoniques pendant mon absence, Laurence  m'hébergera chez elle à Villepinte, la nuit veille du départ de façon à être plus près de l'aéroport. Eh bien voilà il n'y plus qu'à... Une autre heureuse synchronicité : Brigitte et Daniel L. de Lyon, dont j'ai fait la connaissance par téléphone et qui s'occupent également de l'orphelinat d'Edéa, m'informent qu'ils y seront du 13/03 au 31/03. Belle occasion de faire connaissance pendant le vol qui nous emmènera à Douala.

Chantal doit faire rapidement son vaccin contre la fièvre jaune et de mon côté je dois encore une fois... M'OCCUPER DE MON PASSEPORT*... En effet, il a été perdu il y a deux ans au moment d'aller chercher Ernest et depuis n'ayant pas eu d'occasion de voyage, je n'avais jamais pris la précaution de le refaire. 

Tout s'enchaîne mais pas vraiment comme il le faudrait... Je ne peux acheter les billets tant que je  n'ai pas mon nouveau passeport. Ouf, je peux obtenir un rendez-vous rapide à la mairie et un courrier expliquant le motif humanitaire de mon déplacement accompagne ma demande. Patience si tout va bien j'aurai le précieux document rapidement. Hélas, Chantal, qui a posé des congés pour la dernière quinzaine de mars doit malheureusement annuler pour cause de rupture de stock de vaccins contre la fièvre jaune ! Elle ne pourra l'avoir et donc venir au Cameroun que dans quelques mois. Alors j'annule moi aussi ou je pars seule ? La réponse vient très curieusement du Cameroun.

Mon amie Véronique qui vit à Douala depuis 4 ans maintenant, m'apprend qu'elle va venir en France de mi-février à début mars.

Son retour se fera le 4 mars, par Air France c'est à dire exactement à la même date que lors de son tout premier vol vers le Cameroun, en 2012 quand elle m'accompagnait pour être témoin de  mon mariage. Incroyable ! quel "hasard" c'est vraiment trop tentant, refaire ce voyage à la même date avec elle, même jour, même compagnie... 7 ans après mon mariage qui vient de voler en éclats... Le signe pour moi est tellement fort... comme si "on" me disait "il y a 7 ans, tu t'es peut-être trompée, tu n'as pas compris que ta véritable famille, ce sont les enfants de l'orphelinat"... Est-ce vraiment "par hasard" que je peux me replacer aussi précisément à pied d'oeuvre pour ma mission humanitaire (depuis mon mariage, je ne suis pas retourné au Cameroun et les actions que j'ai menées sont bien modestes. Je me suis essentiellement consacrée à ma famille, Serge mon mari et Ernest dont l'arrivée en France il y a deux ans a monopolisé toutes mes attentions de maman*...).

Coup de pouce, je reçois très vite mon passeport, il reste seulement quelques places dans l'avion... Et je retrouve Véronique à l'aéroport le 4 au matin !

Petite déception toutefois, nos sièges sont séparés... Au moment de l'installation, un steward s'adresse à la dame qui est entrain de s'asseoir à côté de moi. Il lui demande de le suivre pour l'installer plus confortablement ailleurs ! Incroyable ! je file chercher Véronique et nous voilà parties pour presque 7 H à papoter et à essayer de comprendre la signification de ce "retour en arrière"... Nous nous poserons encore parfois la question pendant le séjour puisque c'est elle qui m'héberge à Douala faisant elle aussi partie de cette chaîne de solidarité pour me permettre d'être à nouveau en action.

A l'arrivée nous sommes accueillies par mon ami Ebeny et son épouse Nadine ainsi que par l'un de mes beaux frères, Charly. Ils seront mes guides, mes relais sur place car sans eux comment m'y retrouver dans le dédale des quartiers où je dois me rendre et comment trouver les bonnes personnes pour entreprendre ce qu'il y aura à entreprendre. D'ailleurs, je ne sais pas trop ce qui m'attend. 

Ce sera en premier lieu une visite à l'orphelinat "des sans voix" à Douala. Là encore, tant pis si vous pensez que je fais trop souvent référence à Matthieu*, lisez ou relisez la page de garde de mon premier livre vous verrez pourquoi je m'investirai tant ici... oui j'ai vraiment compris... c'était ma voie... 



Ce que je découvre là ... comment le dire... Les photos seront-elles assez claires car je n'ai pas de mot. Onze enfants.
Une responsable, soeur Monique. Une encadrante. C'est tout. Une personne des services sociaux est présente, souvent. Assise. Toujours... Je dépose tout le contenu d'une de mes valises. J'amène des vêtements, des bottes, des savons, brosses à dents, dentifrices. Les enfants semblent ne pas y croire... La visite des lieux m'arrache - et me lève- le coeur. L'état des lits... l'horreur de la "salle de bains" et des toilettes... bouchées, immondes, inutilisables...


Ajoutons à cela qu'il n'y a plus du tout d'installation électrique, que l'état de la "cuisine" me fait fuir. A l'extérieur, on patauge dans l'eau qui s'écoule depuis les douches des filles, un évier est là, sans robinet, sans évacuation de toute façon...






Après la visite, je m'entretiens avec soeur Monique** Elle semble si découragée. L'aide que j'apporte aujourd'hui c'est si peu. Je n'ai pas de solution mais je trouverai. Il faut trouver ! L'un des enfants, Franck, le plus âgé des garçons me regarde avec des yeux tellement tristes. J'ai l'impression qu'il est "hostile", il semble me dire que je ne ferai que passer, comme une bouée hors d'atteinte alors qu'ils sont tous entrain de se noyer...


Le soir, debriefing avec mes trois compères. On est d'accord. IL FAUT AIDER CET ORPHELINAT ! 

Que pouvons-nous faire ? 

La priorité absolue est évidemment de remettre en état les toilettes et la salle de bains (il faudra trouver plus tard la possibilité d'en avoir une deuxième car pour onze enfants, filles et garçons de 2 ans à 15 ans et 2 adultes à demeure ici, ce ne sera pas de trop). Ebeny se charge de faire venir un plombier et d'obtenir un devis. Rapidement.

Pour les lits, il va demander à un menuisier de sa connaissance de passer pour réparer les 3 lits les plus défectueux. Rapidement.

Nadine se propose d'être "éducatrice" et de passer les mercredis après midi et samedi toute la journée. Elle aidera les enfants à faire le ménage de leurs chambres, des toilettes, à laver leurs vêtements, les plus grands aideront les petits. 
Nous expliquons que tout devra se faire solidairement et non par domination des uns sur les autres ce qui nous a semblé être la règle ici... Le petit Arnaud semblant être le souffre douleur et les filles les plus âgées, les plus habiles à ne rien faire... 

Mais j'ai su aussi trouver un appui dans la bande. Il s'agit de Franck.

Je lui ai confié pourtant la tâche la plus ingrate, la plus désagréable... 

Je lui ai expliqué qu'aujourd'hui ce serait dur, très dur mais qu'après il saurait ainsi expliquer à tous les autres comment faire pour nettoyer les toilettes et autant que possible ne plus jamais les laisser dans un tel état. Je lui donne un rôle qui le valorise et je suis bien inspirée... 

Par ailleurs, ma tâche sera de trouver les moyens financiers... J'ai peu de disponibilités. Depuis Douala, je sais que je peux compter sur vous mes ami(e)s, mes lecteurs et lectrices via Facebook.

J'y publie les photos, je vous explique et vous répondez présents. Merci. Merci du fond du coeur. Vous êtes chacun(e) comme vous aurez pu, un sacré maillon de cette chaîne de solidarité. Grâce à vous, je peux confirmer à Ebeny qu'il accepte le devis du plombier (sous réserve que tout soit fait avant que je ne quitte Douala le 14 mars), qu'il accepte le devis du menuisier (même condition), qu'il commande 3 matelas aussi. Qu'on achète balai, brosses, gants (pour Franck...), produit ménager, savon... 












Paris ne s'est pas fait en un jour... Douala encore moins... En attendant que tout puisse avancer, nous nous rendons en fin de semaine à Edéa, dans l'autre orphelinat. 



Mais si vous êtes sensible (s) à ce que je viens de vous raconter, vous pouvez continuer à m'aider. Tout n'a pas été fait... Envoyez vos dons à ASSOCIATION TAMTAM chez Brigitte Reitz 1 rue de la Croix Calvette 02130 SERGY


*Lire "Au revoir ma petite maman" et "Merci ma petite maman"
**Coïncidence = prénom de la maman de mon mari...


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Brigitte ce petit mot pour vous dire merci pour ce que vous êtes, ce que vous faites . Quel courage vous avez ! et quelle belle âme... votre fils doit être très fièr de vous . Je vous envoie plein d énergies positives.